Berne: Le risque suicidaire n’empêche pas le renvoi d’un requérant

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BerneLe risque suicidaire n’empêche pas le renvoi d’un requérant

Interpellée lundi par deux élues genevoises, après le suicide d’un jeune Afghan, Karin Keller-Sutter a rappelé que les principes ont été respectés et interpelle les autorités genevoises.

Eric Felley
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Eric Felley
Isabelle Pasquier-Eichenberger veut savoir si le SEM va tirer une leçon de cet événement tragique.

Isabelle Pasquier-Eichenberger veut savoir si le SEM va tirer une leçon de cet événement tragique.

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Le 28 novembre dernier, un requérant afghan de 18 ans, Alireza, a mis fin à ses jours au Foyer de l’Étoile, à Genève. Ce drame a suscité de nombreuses réactions dans les milieux proches de l’asile. Le jeune homme s’est suicidé, après que le Tribunal administratif fédéral a confirmé la décision du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) de le renvoyer en Grèce, où il avait déjà été maltraité. Les conseillères nationales Delphine Klopfenstein Broggini (V/GE) et Isabelle Pasquier-Eichenberger (V/GE) ont demandé des explications lundi à la cheffe du Département de justice et police, Karin Keller-Sutter.

Suivi médical des requérants

Comment le SEM a-t-il pu prendre cette décision, sachant que ce jeune présentait un risque élevé de passage à l’acte suicidaire? Quelles leçons le SEM va-t-il tirer de cet événement tragique? Telles étaient en substance les questions posées. Karin Keller-Sutter a replacé ce cas dans la problématique actuelle: «De très nombreux requérants font valoir qu’ils sont psychologiquement atteints et traumatisés. Un traumatisme doit toutefois être diagnostiqué par des médecins spécialisés. Les requérants ont accès aux services cantonaux de santé mentale, y compris en cas de crise suicidaire».

Traitement dans le pays de renvoi

Selon la cheffe du département: «Les décisions du Secrétariat d’État aux migrations en matière d’asile prennent en compte les expertises médicales et les risques associés. Les possibilités de traitement médical dans le pays d’origine ou de renvoi sont prises en compte. Tous les États européens sont en principe capables et en mesure d’assurer la protection et les soins de base».

Selon ses services, «iI est fréquent que certaines personnes fassent état de tendances suicidaires en réponse à une décision négative quant à leur demande d’asile. Toutefois, selon la jurisprudence constante du Tribunal administratif fédéral, la mention d’un risque suicidaire ne contraint pas les autorités à revoir leur position quant à la décision d’asile et de renvoi».

Sous la responsabilité des autorités genevoises

S’agissant du cas d’Alireza, Karin Keller-Sutter précise: «Le requérant a été attribué au canton de Genève, le 10 septembre 2021, et la décision du SEM a été notifiée le 25 février 2022. L’intéressé a ensuite recouru auprès du Tribunal administratif fédéral, qui a rejeté son recours par arrêt du 7 novembre 2022. Les mesures de prévention du suicide sont sous la responsabilité des autorités cantonales compétentes».

Sur Twitter, Isabelle Pasquier-Eichenberger a regretté la froideur administrative de ces réponses: «Quel contraste entre les réponses de KKS à la mort d’Alireza et sa carte de vœux». En effet, cette dernière, pour 2023, montre deux chiens Saint-Bernard réputés pour sauver des vies dans les situations périlleuses.

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